Montres et Horlogerie
La méthodologie de l’expertise en matière de montres et de pendules
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En tant qu’horloger, Jean-Luc Martin, expert pour Rennes Enchères a vu passer dans son atelier des montres et des horloges de toutes époques qu’il a démontées, réparées, restaurées. Il connaît tout des boitiers, des mécanismes et des mouvements anciens et modernes. Au premier coup d’œil, il sait si la montre date du XVIIe, du XVIIIe, du XXe ou XXIe siècles. Même chose pour les pendules. Si le nom de l’horloger est souvent indiqué sur le cadran, « Gilbert à Paris » par exemple, il est parfois dissimulé, comme le faisait Bréguet, pour se prémunir des faussaires. Quant aux montres du XXe siècle, par exemple une montre-bracelet Rolex, modèle Oyster Perpetuel Day Date des années 1980, boîtiers, cadran et mouvement sont signés et numérotés.
Authentifier
Sont examinés tous les indices permettant de dater plus précisément la montre : le modèle, telle la Reverso de Jaeger-LeCoultre brevetée en 1931 ou l’Ellipse d’or de Patek Philippe crée en 1968 ; le boîtier, le cadran, le mouvement mécanique à remontage manuel ou automatique, les différentes pièces… Boîtiers, cadrans, mouvements sont numérotés et signés et s’accompagnent de poinçons tel celui de Genève pour les montres de Patek Philippe. Pour les montres et les pendules anciennes : à chaque époque ses mécanismes, ses innovations techniques, ses formes et ses lignes, ses motifs décoratifs, ses matériaux précieux.
Estimer
L’estimation d’une montre est fonction de la notoriété de la maison horlogère et de ses innovations, du succès rencontré par le modèle lors de sa commercialisation, du nombre d’exemplaires, de la complexité du mouvement. Ainsi la montre « Grandmaster Chime » de Patek Philippe, comportant 20 complications, tirée en 8 exemplaires seulement en 2014, a-t-elle été vendue 28 millions d’euros en 2019. Patek Philippe, Rolex Audemars Piguet forment le trio de tête. La montre se doit d’être complète et en état de marche, la qualité des matériaux choisis pour le boîtier (tel l’or jaune 750 millièmes), pour le cadran, les aiguilles compte pour beaucoup… L’estimation d’une montre ou d’une pendue ancienne repose sur les mêmes critères. A cela s’ajoute la rareté du modèle, son histoire, l’originalité du sujet. Par la qualité de leur exécution, les pendules du XVIIIe et Empire, en bronze doré, sont les plus recherchées des collectionneurs.
Trois records de montres et de pendules à Rennes Enchères
LES MONTRES ET LES PENDULES AU FIL DU TEMPS
Les montres
De l’horloge à la montre de poche
C’est l’utilisation du ressort, comme organe moteur du mouvement, à la place des poids utilisés dans les horloges publiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles, qui a permis la miniaturisation des horloges et conduit à l’invention des montres.
Les premières montres à porter sur soi, en sautoir ou dans la poche font leur apparition vers 1512. La paternité en revient à un serrurier de Nuremberg : Peter Henlein. Mais si l’on en croit une lettre de l’ambassadeur de Milan au Duc de Ferrare le 19 juillet 1488, il existait déjà dans les cours italiennes de petites horloges à poser sur une table ainsi que des montres. L’ambassadeur fait allusion à des montres destinées à l’ornementation de trois vêtements commandés par Ludovic Sforza, duc de Milan.
L’apparition de la montre en tant qu’objet personnel traduit bien l’éveil de l’individualisme en ce temps de la Renaissance. Au XVIe et jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la montre reste un objet de luxe que seuls les rois, les princes et les grands seigneurs sont en mesure d’acquérir. Par la complexité de leur mécanisme et la richesse de leur ornementation, ces montres suscitent la curiosité et l’émerveillement. On sent même une certaine fierté à les posséder. Ainsi dans plusieurs portraits,
le peintre Holbein représente une horloge de table ou une montre dans le décor qui entoure son personnage. François 1er a montré un vif intérêt pour ces horloges à ressort suffisamment petites pour que l’on puisse parler de montres. Dans le Catalogue des Actes de François 1er, on relève un acte de paiement en date du 31 décembre 1518 relatif à « deux dagues excellentes garnies de deux horloges toutes dorées et destinées à l’usage du roi », une création de Julien Couldray, horloger à Blois. Quant à Florimond Robert et, proche du roi, il possède une douzaine de montres répertoriées dans l’inventaire de ses biens dressé en 1532. Sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, l’horlogerie française est réputée. En attestent les nombreuses commandes de la Cour : en 1631, Nicolas Le Maindre, horloger à Blois, livre à Marie de Médicis « sept montres en boistes d’or esmaillées de figures ».
Corporations d’horlogers et cités horlogères
A Paris, la première corporation d’horlogers est créée en 1544. L’apprentissage dure au minimum six ans, l’obtention de la maîtrise passe par la réalisation d’un chef-d’œuvre et les maîtres horlogers sont tenus de travailler dans une boutique ouverte sur la rue. Sous Louis XIV, les statuts de la corporation se durcissent : la sélection est plus sévère et pour accéder au rang de maître, l’horloger doit réaliser au moins « une horloge à réveille matin », c’est à-dire une montre à réveil. Les horlogers de la Cour bénéficient d’un traitement de faveur : des logements au Palais du Louvre (les premiers furent alloués par le roi Henri IV) et le privilège d’échapper aux contrôles des gardes de la corporation. Dans les villes de province, les ateliers fondés au XVIe siècle prospèrent sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII, tant à Blois, véritable cité horlogère en raison de la présence de la Cour (corporation créée en 1597), qu’à Lyon (création de la corporation en 1660).
Au XVIe siècle, Nuremberg et Augsbourg s’affirment comme des villes horlogères de première importance, de même que Genève qui accueille des horlogers français fuyant les persécutions religieuses. Les maître horlogers genevois fondent leur corporation en 1601, prenant pour modèle le règlement des corporations françaises. Ils se doivent de réaliser deux chefs d’œuvre : « un petit horloge réveille-matin à porter au col et un horloge carré à tenir sur la table à deux hauteurs ». Quant aux horlogers de Londres, ils forment leur corporation en 1631.
Des montres conçues comme des œuvres d’art
Parce que leurs commanditaires princiers les y encouragent, les maîtres horlogers se surpassent et sollicitent orfèvres, joailliers, émailleurs, graveurs, lapidaires pour réaliser des boîtiers de montres aussi précieux qu’esthétiques. Entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècles, la mode est aux montres ovales et octogonales rehaussées de paysages et d’arabesques, de scènes allégoriques, mythologiques, religieuses, gravées sur le boîtier et le cadran et inspirées des recueils publiés par les ornemanistes du moment : E. Delaulne au XVIe siècle, Jacquard, Jacques
Hurtu, Michel Le Bon sous le règne de Louis XIII. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, on apprécie aussi les montres de fantaisie en forme de fleurs, d’animaux, d’objets de la vie quotidienne et même de tête de mort. Elles sont exécutées en métal, en cristal de roche ou en pierre dure. Les émaux champlevés aux couleurs vives sont une parure supplémentaire pour les boîtiers fabriqués dans les années 1620-1650. Quant à l’orfèvre Jean Toutin, de Chateaudun, il met au point la peinture sur émail. Les émailleurs de Blois : Isaac Gribelin, Christophe Morlière, Robert Vauquer sont très habiles et reproduisent les œuvres des peintres à la mode.
Un ressort spiral pour plus d’exactitude
La fin du XVIIe est marquée par deux inventions du Hollandais Christian Huygens (1629-1695) : en 1650 le pendule pour les horloges et en 1675, le ressort spiral réglant le balancier des montres. Organe régulateur, le pendule remplace le foliot (balancier) des horloges. La première horloge à pendule, construite en 1657 sur les indications de Huygens est l’œuvre de Salomon Coster à La Haye. Quant au balancier muni d’un ressort en forme de spiral, il permet un mouvement oscillatoire régulier. Si la montre avance en raison d’oscillations trop rapides, il suffit d’augmenter la longueur du spiral, au contraire, si elle retarde parce que les oscillations sont trop lentes, de la diminuer.
En France, la généralisation de ce système aboutit dans le dernier quart du XVIIe siècle à la naissance d’une montre ronde et ventrue appelée oignon avec pour caractéristiques : un balancier protégé par un coq circulaire, recouvrant une large partie de la platine supérieure portant le nom de l’horloger, et deux modèles de cadran : soit en en laiton doré avec des cartouches en émail blanc sur lesquels sont peints en noir ou en bleu les chiffres romains indiquant les heures soit des cadrans entièrement émaillés présentant des bosses sur lesquelles sont peints les chiffres. Après 1700, les minutes sont indiquées. Les boîtiers sont d’une grande diversité : en laiton doré ou en argent, laissés nus ou gravés et finement ciselés de compositions tirées des dessins des ornemanistes (Jean Bérain, Pierre Bourdon ou Daniel Marot) : scènes mythologiques, décors d’oiseaux, de sphinx, de rinceaux de feuilles d’acanthe…
Le XVIIIe siècle, « Grand siècle » de l’horlogerie
Au XVIIIe siècle, Paris, Londres et Genève sont les capitales de l’horlogerie. De l’avis de Diderot, dans sa Grande Encyclopédie, l’horlogerie française est la plus réputée à l’étranger. Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, la montre est un accessoire aussi apprécié par les hommes que par les femmes. Les montres figurent en bonne place dans la liste des « Présents du Roy ». Quant à la corbeille de mariage de Marie-Antoinette en 1770, elle contenait 52 montres qui furent offertes en cadeau à ses illustres invités. Les meilleurs horlogers de Paris étaient gratifiés par le Roi d’un logement au Louvre tels Julien Le Roy, Jean-André Lepaute, Jean-Antoine Lépine, Robert Robin.
Une grande émulation chez les horlogers
L’émulation est telle entre les horlogers suisses (partisans de la division du travail), les horlogersanglais et français que les améliorations techniques se multiplient. L’Anglais Grahammet au point l’échappement à cylindre vers 1725 afin de fabriquer des montres plus plates. Beaumarchais, l’auteur du Barbier de Séville imagine un échappement « à double virgule ». Jean-Antoine Lépine retient l’échappement à virgule et il a l’idée de maintenir les différents éléments du mouvement par des ponts sur une simple platine (Ci-contre Rennes Enchères 24 nov 2018, lot 61 montre de Lépine, 2e moitié du XVIIe). Cet horloger talentueux est à l’origine de la montre moderne.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la grande préoccupation est de fabriquer un instrument de précision permettant de calculer les longitudes en mer sachant qu’une erreur d’une seconde entraîne une dérive de 463 mètres. En 1761, la montre marine de John Harrison reçoit l’approbation du gouvernement anglais. En 1769 et 1773, le prix de l’Académie royale des Sciences est décerné à Pierre Le Roy pour ses travaux sur la « meilleure manière de mesurer le temps en mer. » Dans les années 1770-1780, Arnold et Earnshaw mettent au point le principe du chronomètre marin encore utilisé aujourd’hui.
Les montres, reflets des styles et des goûts du moment
Si utiles soient-elles, les montres sont aussi des objets de parure et font écho aux styles décoratifs qui se renouvellent à chaque changement de règne ou presque : style Rococo empreint de préciosité et de grâce de 1730 à 1765 avec des boitiers décorés de scènes galantes peintes sur émail par Watteau, Boucher, Fragonard, motifs ciselés dans des ors de plusieurs
couleurs, d’esprit Rocaille ; sous Louis XVI, retour à l’antique, allégories de l’amour, trophées de jardinage et de musique. Enfin, plus de sobriété à la fin du siècle avec la mode des boîtiers à fond guilloché recouverts d’émaux transparents.
Montres de précision et montres décoratives
Destinées à une élite, les montres de précision de Bréguet, de Vérité ou de Garnier, n’étaient pas à la portée de toutes les bourses. Les montres courantes étaient loin d’être aussi perfectionnées. En revanche les horlogers accordaient le plus grand soin à l’aspect décoratif. Sous l’Empire et jusqu’à la fin du XIXe siècle les montres émaillées des Genevois ont la cote et s’agrémentent des sujets en vogue : bouquets de fleurs, scènes inspirées de l’histoire antique ou médiévale.Les montres « fantaisie » rencontrent un vif succès : en forme d’instrument de musique, de cœur, de fruit, toutes enrichies d’émaux de couleurs. On apprécie aussi les montres animées, agrémentées de minuscules automates. Dans les années 1840 apparaissent des montres extra-plates, et à la fin du XIXe, de jolies petites montres de col pouvant se porter en pendentif ou en broche, de véritables bijoux ! Enfin, des montres si petites que les femmes les portent au poignet fixées à un ruban, l’ancêtre de la montre-bracelet.
XIXe siècle : vers des montres de haute précision
A partir du calibre plat inventé par Lépine vers 1770, Abraham-Louis Bréguet (1747-1823) produit des montres d’une précision et d’une perfection technique inégalées qui lui valent une immense renommée. Parmi ses plus belles inventions : la montre « perpétuelle » à remontage automatique, la montre « à tact » permettant de lire l’heure dans l’obscurité, la montre « à
répétition » grâce à l’invention du ressort-timbre, des montres dotées de multiples complications, des montres de souscription fabriquées en série. Avec comme particularité des cadrans très sobres en émail blanc, en or on argent, des mouvements originaux, des échappements à ancre ou à cylindre. Le premier chronographe apparait en 1821 : celui de Nicolas Rieussec, horloger du roi. Tout au long du XIXe, les horlogers n’ont de cesse d’apporter des améliorations. En 1842, Adrien Philippe invente le remontoir au pendant. L’échappement à ancre de l’Anglais Thomas Mudge en 1754 est perfectionné.
La montre bracelet : du poignet des femmes à celui des hommes d’action
En réalité, la montre-bracelet apparaît bien avant la fin du XIXe siècle. En 1806, l’Impératrice Joséphine commande à Nitot son joaillier préféré deux bracelets-montres sertis de perles et d’émeraudes, cadeau de mariage destiné à sa belle-fille Augusta-Amélie de Bavière. En 1810, Bréguet, très apprécié de toutes les cours d’Europe pour ses multiples inventions crée pour Caroline Bonaparte, reine de Naples, une montre-bracelet à complications. Mais jusqu’à la fin du XIXe siècle, la montre-bracelet étant jugée trop féminine, les hommes élégants glissent leur montre dans le gousset de leur gilet, montre retenue par une belle chaîne d’or. Ce qui n’est guère pratique pour les hommes d’action : militaires, pilotes d’avion.
En 1880, la maison Girard-Perregaux à La Chaux-de-Fonds livre à l’armée impériale allemande 2000 montres-bracelets renforcées d’une grille de protection. Montres-bracelets adoptées aussi par les soldats de la guerre des Boers (1899-1902). Quant aux pilotes d’avion, ils ont besoin, en vol, d’avoir leurs deux mains libres tout en gardant un œil sur leur montre. C’est ainsi qu’en 1904, Louis Cartier crée pour son ami Santos-Dumont, pionnier de l’aviation, la première montre de pilote, portée avec un bracelet de cuir, la « Santos Cartier ». La Guerre de 1914-1918 achèvera de populariser la montre-bracelet.
Montres étanches
Les montres étanches sont liées au développement de la plongée autonome. Il est vital de mesurer le temps de plongée pour éviter les accidents de décompression provoqués par la saturation des gaz dissous dans le sang. Les montres étanches suivent donc de près les premiers
scaphandres autonomes, elles sont utilisées aussi par les nageurs de combat italiens de la Seconde guerre mondiale et par le commandant Cousteau dans ses plongées. En 1927, la maison Rolex présente sa première montre étanche : l’Oyster. En 1935, la maison Oméga qui avait produit pendant la Première Guerre mondiale des montres-bracelets militaires expérimente une montre étanche jusqu’à une profondeur de 135 mètres. Montres perfectionnées durant la Seconde guerre mondiale.
La montre à quartz
Que d’inventions horlogères durant la seconde moitié du XXe siècle ! En 1967 : la première montre-bracelet à quartz (la vibration du quartz donnant l’étalon de temps). Elle sera commercialisée par Seiko en 1969. La même année : première montre à cristaux liquides signée Longines. En 1971 : première montre avec un mouvement en plastique par Tissot. 1981 : première montre à quartz sans pile électrique… jusqu’aux montres connectées d’aujourd’hui, ordinateurs en réduction aux multiples fonctions.
Quelques montres d’exception …
Des maisons légendaires
CARTIER « Ballon bleu » vers 2010
Montre chronographe d’homme en or gris boîtier rond, cadran argenté, chiffres romains, totalisateur 30 minutes à 3 h quantième à 9h, aiguilles en acier bleui.
Vendue à Rennes Enchères 18 150 €
Rolex Oyster perpetual Datejust 16013, vers 1990.
Montre bracelet en or, cadran champagne, index en applique, quantième à 3 h. Bracelet jubilé or et acier, boucle déployante siglée. Mouvement à remontage automatique, calibre 3135. Cadran et boîtier signés.
Vendue à Rennes Enchères 2 583 €
Reverso n° 270643, vers 2006
Montre bracelet réversible en platine 950, boîtier rectangulaire.
Cadran argenté et guilloché, chiffres Bréguet, aiguilles luminescentes. Cadran auxiliaire pour les secondes. Indication de la réserve de marche par aiguilles. Mouvement mécanique manuel, calibre de manufacture. Cadran, boîtier et mouvement signés. Boucle déployante siglée en platine Jaeger-LeCoultre 2018.
Vendue à Rennes Enchères 8 733 €
CARTIER
Quatre garde-temps ont jalonné l’histoire de la Maison Cartier. En 1904, la montre « Santos » dessinée par Louis Cartier pour son ami Santos-Dumont, pionnier de l’aviation. En 1917, Cartier lance la montre « Tank » aux brancards inspirés des chars d’assaut de la première guerre mondiale. En 2007, naît le « Ballon bleu » « aérienne comme un ballon, bleu comme le saphir qu’elle protège » . En 2015 : la montre « Clé ». Ces 4 montres illustrent la créativité de la division horlogère du « joaillier des rois ».
OYSTER de ROLEX
Depuis 1926, Rolex a bâti sa réputation sur l’Oyster, première montre-bracelet étanche au monde. Les montres de la gamme Oyster Perpetual en sont les héritières : parfaite précision chronométrique, étanchéité du boîtier Oyster, remontage automatique par rotor Perpetual. En acier Oystersteel, elles affichent les heures, les minutes, les secondes.
REVERSO, 1931 de Jaeger-LeCoultre
La montre Reverso, très recherchée des collectionneurs est l’un des plus beaux succès de la maison Jaeger-LeCoultre (fondée en 1833 dans la vallée de Joux aux confins du Jura suisse). Elle a été créée pour les joueurs de polo de l’Armée des Indes. Un jour de 1930, alors qu’un match s’achève, et qu’un officier se désole d’avoir brisé une fois de plus le verre de sa montre, un homme d’affaires suisse, César de Trey, désireux de promouvoir la belle horlogerie, lui propose de faire réaliser une montre suffisamment solide pour résister aux chocs des perches et des maillets de polo. Rendez-vous
est pris avec Jacques-David LeCoultre. Toujours à la pointe de l’innovation dans une manufacture maîtrisant tous les métiers nécessaires à la conception de mouvements de haute précision, LeCoultre travaille alors en étroite collaboration avec l’horloger Edmond Jaeger à Paris. De leurs échanges fructueux naît l’idée d’un boîtier réversible afin de protéger le cadran et de n’exposer aux chocs que son revers de métal. La montre « Reverso » (je me retourne en latin) est brevetée le 4 mars 1931 par Alfred Chauvot, un ingénieur français. Les droits d’invention sont rachetés la même année par César de Trey. Pour fabriquer et commercialiser cette montre révolutionnaire, celui-ci fonde avec Jacques-David LeCoultre la « Société Spécialités Horlogères ». En 1937, elle sera rebaptisée « Société de vente des produits Jaeger-LeCoultre », Jacques LeCoultre ayant racheté le brevet de la Reverso à César de Trey et s’étant associé à la maison Jaeger.
ELLIPSE D’OR, 1968 DE PATEK PHILIPPE
La montre Ellipse d’Or s’est imposée dans les années 1970-1980 comme l’un des modèles emblématiques de la maison genevoise Patek Philippe, au travers de 65 versions différentes pour Hommes et pour Dames. Créée en 1968, elle surprit par l’audace et l’élégance de sa forme elliptique, l’harmonie de ses proportions régies par le Nombre d’Or et son cadran en or bleu aux subtils reflets. Son boitier très mince à remontage manuel sera équipé en 1977 du calibre 240 extra plat à remontage automatique et d’un mini rotor. En 1993, Patek crée un modèle pour dames avec une double ellipse, en 2005 un modèle hommes mariant trois couleurs d’or à des cadrans aux teintes différentes. En 2008 pour les 40 ans de l’Ellipse d’or, une version Jumbo en platine avec un cadran Or bleu « soleil ».
Montres PATEK PHILIPPE vendues à Rennes Enchères Bretagne
PATEK PHILIPPE, GENEVE n°2636185 – Vers 1965/68 Très belle montre en or, 750 millièmes n° 2636185, boîtier rond, cadran champagne, positionné à index en or en applique, aiguilles droites en or, mouvement mécanique manuel signé Patek Philippe n° 7923331, calibre 23-300, poinçon de Genève, balancier Giromax spiral Bréguet, ajuste 5 positions, 18 rubis. Cadran, boîtier et mouvement signé.
Vendue à Rennes Enchères 6 888 €
Patek Philippe Gondolo, vers 2005 Très belle montre bracelet de forme tonneau en or 750 millièmes. Cadran argenté à index en or. Indication du jour, de la date et du mois par guichet.
Le cycle lunaire est indiqué à 6 h dans un cadran 24 h. Mouvement automatique, calibre Patek Philippe 324SQULU 24 H. Poinçon de Genève. Bracelet de cuir de reptile, magnifique boucle déployante signée et siglée.
Vendue à Rennes Enchères 17 835 €
Rennes Enchères organise chaque années trois ventes de montres avec le concours de l’expert Jean-Luc MARTIN. Y figurent en bonne place les créations des grandes maisons horlogères de luxe, françaises et suisses fondées au XIXe siècle pour la plupart, dans la vallée de Joux et le massif franco-jurassien : Audemars Piguet (1875), Baume&Mercier (1830), Breitling (1884), Cartier (1847), Chopard (1860), Ebel (1911), Enicar (1914), Hermès (1837), International Watch Co (IWC) (1868), Jaeger-LeCoultre (1833), Lip (1867), Longines (1832), Omega (1848), Oris (1904)
Les horloges et pendules
Des horloges publiques à l’invention du ressort
Ouvrages d’utilité publique, les horloges ont contribué à renforcer le prestige des villes qui s’en sont dotées dès le XIVe siècle : Milan en 1335, Padoue en 1344, Gênes, Bologne, Ferrare en 1353, 1356 et 1362, Paris en 1370 ( horloge commandée par Charles V pour l’une des tours du Palais de la Cité). En France, l’une des plus belles, toujours en état de marche est le Gros Horloge de Rouen remarquable par son mouvement des sonneries des quarts. Elle fonctionnait déjà en 1389. Ces horloges mécaniques de gros volume comportaient trois pièces essentielles : le poids produisant la force motrice (pierre ou bloc de métal suspendu à une corde enroulée autour d’un cylindre), l’échappement pour communiquer l’énergie donnée par le poids, le foliot (balancier dont les oscillations entretenues par l’échappement régularisaient le mouvement). Le cadran des premières horloges était mobile : un cercle de 24 heures tournant sur lui-même tandis qu’un index donnait l’heure. Il sera remplacé assez vite par un cadran fixe avec une aiguille des heures tournantes. L’aiguille des minutes n’apparaîtra qu’au XVIIe siècle.
C’est l’utilisation d’un ressort en lieu et place du poids, comme organe moteur du mouvement, qui permet au XVe de réduire la taille des horloges. Ressort moteur enfermé dans un barillet traversé par un axe autour duquel le dit ressort s’enroulait pendant le remontage du mouvement. Celui-ci, constitué de deux roues en laiton doré et d’un échappement à verge prenait place entre deux platines de métal maintenues par des piliers en forme de colonnettes. Pour transmettre régulièrement l’énergie du ressort au rouage, les horlogers du XVe siècle inventent la fusée qui sera utilisée jusqu’au XIXe siècle, cône tronqué présentant sur sa circonférence un sillon montant de la base au sommet. Au fur et à mesure que le ressort se détendait, la corde à boyau accrochée au barillet s’enroulait sur le sillon. Quand le mouvement s’arrêtait, toute la corde, remplacée plus tard par une chainette d’acier était enroulée au barillet. Ces éléments essentiels caractériseront l’horloge portative pendant plusieurs siècles.
Des horloges de table aux horloges d’appartement
Du XVIe à la première moitié du XVIIe siècle, les horloges portatives, dites « de table » constituent l’essentiel de la production horlogère : les unes en forme de tour, carrée ou hexagonale présentent un cadran vertical ; les autres de forme plus aplatie, cylindrique ou cubique, un cadran horizontal en métal gravé de chiffres romains parfois composé de deux cercles concentriques lorsqu’il est divisé en 24 heures. En laiton doré, les boîtiers sont finement gravés d’entrelacs, des scènes mythologiques ou allégoriques ciselées d’après les modèles des graveurs du XVIe siècle : Etienne Delaulne, Antoine Jacquard, Solis. Ils sont surmontés d’un dôme ajouré abritant le timbre de la sonnerie des heures.
1650 : le pendule de Huygens
Le pendule révolutionne l’horlogerie au point que les horloges munies de cet organe régulateur remplaçant le foliot sont appelées pendules. La première de ce type est une création de l’horloger Salomon Coster à la Haye, réalisée avec le concours du savant hollandais Christian Huygens (1629-1695) inventeur de ce système. La découverte du pendule régulateur est pour beaucoup dans l’essor de la fabrication des horloges d’appartement, posées sur une cheminée ou sur une petite console fixée au mur.
La « pendule religieuse »
Les horlogers du règne de Louis XIV lancent la mode de la pendule « religieuse ». En ébène, en poirier noirci ou en noyer, sa façade est celle d’un édifice baroque en miniature : deux pilastres couronnés de chapiteaux à feuille d’acanthe ou deux caryatides supportent une corniche surmontée d’un fronton semi-circulaire ou d’un dôme entouré d’une balustrade. Le cadran s’inscrit dans une arcade simulant un porche. Le tout rehaussé de bronzes dorés du plus bel effet : mascarons, Renommées, figures allégoriques comme celle du Temps armé de sa faux, pots-à-feu semblables à
ceux qui ornent les toits de châteaux, décors de rinceaux incrustés de cuivre, d’étain et d’écaille mis à la mode par André- Charles Boulle, ébéniste du Roi.
L’horlogerie des XIXe et XXe siècles
Puis viennent les pendules « retour d’Egypte » agrémentées de sphinx, les pendules Empire inspirées de l’art antique (colonnes cannelées, victoires ailées, chars, Rennes Enchères 12 juin 2017, lots 266, 268, 280). Elles sont d’une exécution très soignée. Sous la Restauration, les horlogers réalisent de belles pendules en bronze doré ornées de figures allégoriques ou de personnages tel le portefaix portant un ballot de coton d’après un modèle du bronzier Jean-André Reiche en 1808, (Rennes Enchères 20 novembre 2017, lot 150) ou de figures allégoriques.
Au XIXe siècle, la mode est aux garnitures de cheminée : pendule accompagnée de deux candélabres. Les premières apparaissent sous le Premier Empire avec Thomire et Gouthière avant de triompher au Second. Très décoratives, car les horlogers s’abreuvent à toutes les sources d’inspiration, elles sont le signe d’une certaine réussite sociale (Rennes Enchères : 22 octobre 2018, n°112). Au XXe siècle, les maisons Cartier et Van Cleef & Arpels se sont illustrées par de très élégantes pendules Art Déco. Entre autres pour Cartier des pendules « mystérieuses » (1923-1925) en forme de portiques inspirées par les recherches de l’illusionniste Robert-Houdin.
La mécanisation de l’industrie horlogère
Les débuts de l’industrialisation de l’horlogerie en France remontent à Frédéric Japy. Dans sa manufacture fondée vers 1770 à Beaucourt dans le Jura, il utilise les premières machines-outils et développe à partir de 1810 la fabrication mécanique des pendules. La manufacture suisse Vacheron et Constantin fondée en 1775 a contribué elle aussi au progrès de la mécanisation, grâce aux recherches de Georges-Auguste Leschot. Et cela bien avant la production des horloges à quartz, des horloges au thallium, au césium, des horloges digitales…
Bibliographie et Musées
Bibliographie Montres, Pendules & Horloges
- CARDINAL Catherine, Les montres et les horloges, Ouest-France, 1980.
- CROTT (Dr Helmut), Le cadran, visage de la montre-bracelet au XXe siècle, Watchprint, 2019.
- FLÉCHON Dominique, La conquête du temps, Flammarion, 2011.
- GONDY Jean-Claude, L’art de connaître et soigner les montres et les pendules, Decoopman 2019.
- GUÉROUX Fabrice, Manuel d’authentification des montres contemporaines et de collection, Editions Watchprint, 2018
- LIEVAIN Frédéric, James Bond, l’espion qui aimait les montres, Editions du Cherche-Midi, 2015.
- MIQUEL Paul, Montres rares, Editions Gründ, 2016
- PARVULESCO Constantin, 50 montres qui ont fait l’histoire, Editions E-T-A-I, 2011.
- TARDY, La pendule française, des origines à nos jours, Editions Tardy, 1974
- TARDY, Dictionnaire des horlogers français, Editions Tardy, Paris 1971 et 1972.
Musées réputées pour leur collections d’horlogerie
- PARIS – Musée des Arts décoratifs. 107-11 rue de Rivoli, 75001 Paris – 01 44 55 57 50. Très belle collection de montres et de pendules anciennes du XVIe au XXe siècle.
- PARIS – Musée du Louvre. Rue de Rivoli 75001 Paris – 01 40 20 50 50. Très belle collection de montres et pendules anciennes, département des objets d’art.
- PARIS – CNAM Musée des Arts et Métiers. 292 rue Saint-Martin, 75003 Paris – 01 53 01 82 29. Instruments de mesure du temps remarquables par leurs innovations techniques
- BESANÇON – Musée du Temps. 96 Grande rue 25 000 Besançon – 02 81 87 81 50. Plus de 1500 montres, ébauches et boîtes, une centaine d’horloges de parquet, comtoises et pendules dans un Musée installé dans un palais. Renaissance, le Palais Granvelle, qui retrace les grandes heures de l’horlogerie bisontine.
- ÉCOUEN – Musée national de la Renaissance. Rue Jean Bullant 95440 Écouen. Horloges de table et montres des XVe et XVIe siècles.
- GENÈVE – Patek Philippe Museum. Rue des Vieux-Grenadiers 7, 1205 Genève, Suisse – +41 22 707 30 10. Un véritable temple de l’horlogerie, inauguré en 2001.